Ecoutez plutôt :
« Remontons le cours du temps.
Nous sommes en 1793, pendant la révolution, la flèche de la
cathédrale est, elle aussi, coiffée d’un identique mais gigantesque
bonnet rouge métallique. Celui-là même, rouge et recourbé vers
l’avant, que portaient les esclaves de l’Antiquité après leur
affranchissement.
Le
roi n’était plus là. Les révolutionnaires étaient, eux aussi, libres.
Beaucoup de Strasbourgeois portaient alors cette coiffure
symbolique.
Il
leur semblait donc nécessaire d’en faire la publicité sur ce point
culminant de 142 m.
Lorsque ceux qui voulaient supprimer le Dieu chrétien et le
remplacer par un Etre suprême eurent détruit en les martelant,
plus de 300 statues de grès, ils levèrent les yeux vers la flèche.
Les saints et les rois à cheval gisaient en morceaux sur le sol ;
ils pensaient en avoir fini avec une religion inutile. Mais la
flèche les dominait. Elle leur parlait de Dieu, de prières,
d’inégalités, de vieilles histoires qui devaient disparaître.
« Ecoutez
les amis, on va l’abattre, elle aussi. Nous sommes tous frères et
égaux. L’égalité est un principe que même les monuments doivent
respecter !»
Mais tous les Jacobins et les Feuillants ( révolutionnaires)
n’étaient pas d’accord et surtout on ne savait pas trop comment s’y
prendre pour la démonter. Sa construction avait été si longue et
cette construction gothique était la plus haute du monde chrétien
européen de l’époque. La détruire pierre par pierre ou la faire
sauter ? On opta finalement pour une autre solution. Au lieu de
l’abattre on en ferait un porte-bonnet, une sorte de support
publicitaire, idée astucieuse pour montrer au monde que la France
était en Révolution.
Mais alors, où donc est passé ce bonnet en tôle ?
Quand l’agitation révolutionnaire fut calmée, on le redescendit, on
le mit dans la bibliothèque du Temple Neuf, où, dans la nuit du 24
Août 1870 il disparut dans l’incendie du bombardement allemand. »
Aujourd’hui, sur le côté Nord de la cathédrale, on voit un magasin
d’antiquités qui se signale par une enseigne représentant « notre »
flèche coiffée d’un bonnet Phrygien.
Il
est certes bien plus petit mais cette histoire y est représentée.
Renseignements glanés dans l’ouvrage de
Julie Carpentier,
histoires de la cathédrale,
Editions Coprur
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